PHNOM PENH

Du 7 au 9 avril 2017 :

Visite de la prison S21 à Phnom Penh


Nous nous arrêtons pour 2 jours à Phnom Penh, la capitale. Nous logeons au Cyclo Hotel, une guest house vraiment sympa à côté du Palais royal et du centre ville.

Afin d'en apprendre un peu plus sur l'histoire de ce pays, nous décidons d'aller visiter la prison Tuol Sieng ou S21, l'un des 200 lieux de détention et de torture durant le génocide des Khmers Rouges. Cette visite nous a permis de mieux connaître cette période sombre de l'histoire du Cambodge qui a durée de 1975 à 1979, moment où les vietnamiens ont envahi le pays.



Comment vous racontez cette Horreur ??? Il n'y a pas de mot pour traduire ce qui s'est passé ici il y a un peu plus de 40 ans. En visitant la prison S21, qui était autrefois un lycée, on ressent une sensation de mal-être qui va bien au-delà de la sensation d'oppression, comme si ces lieux étaient hantés par toutes ces âmes torturées... C'est horrible.
Au fur et mesure de la visite audio guidée, on pénètre dans l'atmosphère inhumaine de ce lieu d'atrocités et on découvre avec effroi l'histoire sanglante de ce peuple, qui n'est pas si ancienne que ça ! Ce que nous avons vu, les récits et les témoignages que nous avons entendus ne laissent place qu'à une seule explication possible : la Folie ! La folie d'un homme au départ, Pol Pot, qui était persuadé que son peuple pouvait s'auto-suffire par l'agriculture et que tous ceux supposés être des opposants au régime (et ce pour n'importe quel motif) devaient être éliminés. Cette folie s'est ensuite étendue à une poignée d'hommes, qui ont instrumentalisé des jeunes gens illettrés (enfants et adolescents), et les ont endoctrinés en faisant ressortir le côté le plus bestial de l'homme, le plus sadique aussi en les entraînant tout d'abord à torturer des animaux pour ensuite appliquer ces tortures aux hommes.

Les Khmers rouges enfermaient à S21 aussi bien des jeunes que des personnes âgées, des femmes, des enfants et même des bébés et parfois des familles entières. Ouvriers, intellectuels, ministres, diplomates cambodgiens mais aussi des étrangers qui malheureusement passaient par là, s'y côtoyaient. Le simple fait d'être enseignant, de parler une langue étrangère, d'être religieux ou même simplement de porter des lunettes était suffisant pour être considéré comme intellectuel et donc "à exterminer" ! Les conditions de détention ôtaient toute dignité humaine aux prisonniers, ils étaient appelés par un numéro et non plus par leur nom, ils étaient nus, entassés et enchainés au sol les uns aux autres par rangées de 6 ou 9, sous-alimentés, et ne pouvant faire aucun geste sans en demander l'autorisation aux geôliers.
Ce régime est devenu de plus en plus paranoïaque jusqu'à s'emprisonner et se torturer entre-eux !!!

cellules individuelles des prisonniers "haut de gamme", cependant la majorité des prisonniers étaient enchainés à même le sol.

Comment en sont-ils arrivés à massacrer leur propre peuple ?


Les cambodgiens sont un peuple qui a atrocement souffert, après 5 années de guerre du Vietnam, où ils ont vraiment trinqué (les américains ont déversé sur le Cambodge autant de bombes qu'ils n'en ont déversées durant toute la seconde guerre mondiale dans le Pacifique !!), voilà qu'arrive le régime des Khmers rouges.
Le 17 avril 1975, Phnom Penh tombe aux mains des Khmers Rouges dirigés par Pol Pot et un groupe de communistes fanatiques (on devrait même dire de cinglés !). Dans un premier temps, à leur arrivée dans Phnom Penh, les Khmers sont accueillis comme des libérateurs, une foule les accueille et les acclame : le peuple voit en eux la fin de la guerre. Mais à peine 3 heures après leur entrée triomphante dans la ville, le vrai visage des Khmers apparaît. Ils exigent auprès de toute la population d'évacuer la ville pour aller "se réfugier" dans les campagnes. Le prétexte donné à la population était qu'un nouveau bombardement américain était imminent sur la ville. Ceux qui refusaient de partir étaient liquidés sur le champ. C'est ainsi que ce jour fatidique, environ 2 millions de personnes se retrouvent en exode. En l'espace de quelques heures, Phnom Penh devient une ville fantôme. Toutes les ambassades ont été évacuées, seuls les ressortissants français étaient encore dans l'ambassade française pour être protégés et évacués.
C'est ainsi que la folie khmère s'inspirant du maoïsme démarre. L'idéologie khmère, s'il y en a une, se veut la révolution des paysans contre le capitalisme et les bourgeois, citadins des villes. c'est ainsi que le régime forcera tous les citadins à aller travailler dans les champs sans même qu'ils ne sachent comment cultiver. Tous les intellectuels, ingénieurs, médecins, professeurs, instituteurs, etc... en fait toute personne susceptible de réfléchir, et donc ayant ou risquant d'avoir des opinions politiques différentes, était éliminée. Les dirigeants khmers rouges haïssaient toute forme d'intelligence. Critiquer l'Angkar (="Organisation") peut être sanctionné par la mort tout comme avoir les cheveux long. Pour économiser des cartouches lors des exécutions, ils fracassaient les têtes à coups de pioche puis égorgeaient leurs victimes. Une véritable barbarie sans nom.
Il ne restait que les illettrés, ne sachant ni lire ni écrire, un peuple vivant dans la terreur, réduit à l'esclavage dans les champs et rationné en nourriture (2 portions de bouillis par jour). Ils travaillaient avec des charrues car le régime refusait toute forme de modernisme, toutes les machines étaient détruites ou laissaient à l'abandon. Les usines ne fonctionnaient plus par manque de personnel sachant faire fonctionner les machines. L'école était réduite à des chants et de l'endoctrinement. Le pire de tout cela, c'est que les Khmers, qui ont commis toutes ces exactions, n'étaient que des gamins de 16 à 22 ans, plus malléables et faciles à convaincre.

la "potence" servait d'instrument de tortures
Ce pays a été mis au niveau 0, un anéantissement complet d'une société toute entière. Un tiers de la population cambodgienne a été ainsi exterminée.

Il faudra attendre 1979 pour que le Vietnam envahisse le Cambodge et déloge les Khmers Rouges du pouvoir. Cette horreur sans nom a duré 4 ans sans qu'aucun gouvernement étranger ne réagisse... Nous qui disions quelques années plus tôt : "Plus jamais ça !"
Pire, les Occidentaux n'ont reconnu le nouveau régime politique mis en place par les Viêt que 7 ans après l'exil de Pol Pot ! C'est totalement hallucinant.


Et après ? 


C'est peut-être le plus incompréhensible de l'Histoire, peu de personnes ont été jugées pour ce génocide, les premiers procès datent de 2009, soit 30 ans après ! Et comble du comble, le premier ministre actuel est un ancien dirigeant Khmer Rouge repenti, qui protège encore les meurtriers de l'époque.

Sur le plan psychologique, le pays tout entier a vécu un profond traumatisme, nombreux sont ceux qui ont souffert des années après du TSPT (= trouble de stress post-traumatique).


Une grande leçon de vie :


Cette visite de la prison S21 nous a énormément choqués. Toutefois, plus nous côtoyons ce peuple khmer, plus nous découvrons un peuple souriant avec une chaleur d'accueil énorme. Malgré toute cette souffrance endurée, ce peuple s'est relevé dans la plus grande dignité, la bienveillance, et il se reconstruit jour après jour...

Nous conclurons sur l'extrait d'un témoignage d'une rescapée de la prison S21 : "Tout ce qui nous arrive dans notre existence, ce n'est pas forcément bien, ce n'est pas forcément juste, mais en ressassant notre colère à cause de cette injustice, nous nous faisons souffrir nous-même. La méditation permet de réveiller en soi cette partie de notre Être qui sait distinguer le Bien du Mal, et ainsi ne plus nous laisser ronger par le doute et l'insécurité. On se rend alors compte que c'est bien cette vie-là qu'il faut mener et non pas une vie de haine, de cupidité et de rage."

En mémoire aux victimes









du 22 au 25 avril 2017 :

Nos derniers jours à PHNOM PENH


Nous quittons la plénitude de Koh Pene pour retrouver la vie trépidante de la capitale.
coiffeur en pleine rue
ici, on peut manger à toute heure de la journée

Nous profitons de ces derniers jours passés à Phnom Penh pour visiter le palais royal. Riches de notre expérience à Angkor, nous décidons de prendre les services d'un guide francophone.




acte de purification




l'arbre sacré de Bouddha avec ses fleurs très surprenantes


Nous avons été heureux de revoir le temps d'une soirée, Didier et Bénédicte, un couple d'expatriés français vivant au Cambodge, que nous avions rencontré sur l'île de Koh Trong.
vue de notre chambre : coucher de soleil sur la ville


La première fois que nous sommes arrivés à Phnom Penh, nous avons été profondément chamboulés et même horrifiés par la visite de l'ancienne prison S21 et la découverte du terrible génocide orchestré par les khmers rouges sur leur propre peuple. Il nous a fallu un certain temps pour digérer ce que nous avions vu, ce que nous avions entendu, ce que nous nous étions imaginé sur la cruauté des uns et le calvaire des autres. Comment font-ils pour être si souriants et si gentils après l'enfer qu'ils ont vécu ? Peu à peu, leur accueil chaleureux, leur incroyable gentillesse, leur sourire communicatif nous ont permis de comprendre que la volonté de ce peuple est d'aller de l'avant. 
Et puis, il y a eu notre deuxième passage dans cette capitale qui va, une nouvelle fois, nous bouleverser. Nous avons eu la chance de pouvoir visiter le centre PSE ("Pour un Sourire d'Enfant"). Il s'agit d’une ONG qui propose l'école gratuite aux enfants issus de familles pauvres ne pouvant suivre un enseignement scolaire (l'école publique est payante au Cambodge) et favoriser ainsi l’accès à un futur métier. Le centre PSE est énorme et accueille 7000 enfants. Il dispose d'une crèche, d'une école primaire et secondaire, d'un lycée professionnel (hôtellerie, tourisme, secrétariat, comptabilité, management, coiffure, SPA, mécanique,...), de classes spécialisées pour enfants handicapés mentaux et handicapés physiques, mais également d'un centre médical permettant de dispenser des soins gratuits aux plus démunis. Nous sommes admiratifs devant le couple de français à l'initiative de ce fabuleux projet, qui a pris naissance au moment où ils ont découvert que les familles les plus pauvres envoyaient leurs enfants sur les décharges publiques récupérer tout ce qui pouvait être recyclable et revendu et ainsi rapporter quelques sous. Beaucoup de familles vivent dans la misère et la pauvreté, certains de ces enfants sont victimes de malnutrition et de maltraitance (n'oublions pas que certains pères actuels ont été retirés très jeunes de leur famille pour être endoctrinés par les Khmers Rouges et transformés en bourreaux ; ils ont appris à haïr, à torturer, à tuer, mais n’ont jamais appris la tendresse). Ici à Phnom Penh, on ne peut pas rester indifférent face à cette misère, on voit des gens dormir dans la rue, fouiller les ordures qui jonchent le sol, mendier en compagnie souvent de jeunes enfants... Certes il ne faut pas en faire une généralité, mais tout cela est bouleversant.







école de coiffure

un régal au restaurant d'application

Pour en savoir plus, nous vous invitons à visiter le site web de PSE : http://www.pse.ong
Mais également celui d’une autre ONG très connue, mais que nous n’avons malheureusement pas pu visiter, « Enfants du Mékong » : http://www.enfantsdumekong.com


Alors voilà, le Cambodge est lui aussi un pays à part, très touchant, très contrasté (grande disparités riches/pauvres), très diversifié (nous citerons les incroyables sites archéologiques d’Angkor, l’île paradisiaque de Koh Rong Sanloem, Kampot et son poivre, l’histoire récente et terrible du génocide, le Mékong, les forêts tropicales…).

Nous quittons aujourd’hui l’Asie mais l’Asie nous laisse une empreinte indélébile, elle nous a changé au plus profond de notre Être. Toutes ces rencontres, tous ces paysages, toutes ces merveilles, tous ces sourires chaleureux, tous ces regards bienveillants… Nous emportons avec nous tant de souvenirs dans nos mémoires et tant de richesses dans nos cœurs.


Après l'Asie, nous allons là !!!



En route pour l'OCEANIE !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire