mardi 7 mars 2017

Le Nord Vietnam : rencontre avec les Dao Rouges

du 28 février au 04 mars 2017 :

Bienvenue à Sa Pa

Loger chez l'habitant dans une tribu ethnique du Nord Vietnam :
une belle leçon de vie







Après 8 heures de bus à travers les routes sinueuses de montagne (on n'en peut plus de ces transports !!!), nous arrivons à Sa Pa, ville de l'extrême Nord du Vietnam, sous un épais brouillard et un froid de canard auquel nous ne sommes plus habitués. Sa Pa est située à 1500m d'altitude, dans la province de Lào Cai, et se trouve paraît-il souvent dans la brume... Nous validons ! N'étant pas équipés dans nos bagages de vêtements permettant de supporter les 10° extérieurs, la première chose que nous avons faite à Sa Pa a été de visiter son marché, nous en sommes ressortis avec gants, bonnets, polaires, doudounes, chaussettes chaudes et... des bottes ! Car nous avons choisi de passer une nuit dans une famille franco-vietnamienne dans un village un peu plus au nord de Sa Pa, à Ta Phin, et notre hôte, Olivier, nous a très sagement conseillé d'investir dans des bottes, même pour 2 jours ! et vous allez comprendre pourquoi...



Avant de vous raconter cette extraordinaire expérience, nous sommes allés au musée culturel et ethnique de Sa Pa : une visite très intéressante qui nous a appris de nombreuses choses sur les différentes ethnies que compose cette région. On retrouve 6 groupes ethniques principaux à Sa Pa : les Hmongs (52%), les Dao (23%), les Kinh (18%), les Tay (5%), les Giay (1%) et les Xa Pho (1%). Ce qui est incroyable c'est que toutes ces tribus ont conservé leurs langues, leurs écritures, leurs traditions et leurs coutumes et continuent de se les transmette de génération en génération.


Le matin du 02 mars 2017, Olivier vient nous chercher pour nous emmener dans son village, mais avant tout, nous partons ensemble faire le marché de Sa Pa pour acheter viande et légumes pour nos repas. Sur le marché, tout est frais, les animaux sont abattus le matin même, les poissons sont encore vivants et se débattent dans des bassines, les légumes variés respirent la fraîcheur... par contre nous sommes au Vietnam et il faut par moment avoir le cœur bien accroché : après 6 mois d'Asie, nous sommes à présent habitués de voir les têtes de cochons, de volailles, les abats, les cervelles... mais pour la première fois notre regard se heurte à un chien découpé présenté sur une étale ! Quelle horreur (oui, pour nous, c'est horrible !) !!! Olivier nous explique que le chien est un met assez cher et qu'il n'est consommé que 15 jours par mois selon le calendrier lunaire (car cela porte chance).


Puis nous montons sur nos moto-taxi (3 par moto, plus rien ne nous fait peur à présent !) et direction Ta Phin à 30 minutes en moto de Sa Pa. La route n'est pas en très bon état, mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. En effet, arrivés au petit village Dao de Ta Phin, il nous reste 1 heure de marche pour arriver à la maison de nos hôtes, 1 heure le long d'un petit sentier tout boueux où même les motos ne peuvent pas passer, avec les 20 dernières minutes de montée ! On comprend mieux à présent pour les bottes, et on remercie vivement Olivier pour ce judicieux conseil. Le paysage semble être magnifique, des rizières en terrasse à perte de vue, sauf que nous, nous voyons surtout de la brume... Le temps est très couvert, les nuages sont bas, bref ça ira mieux demain.
les rizières en terrasse sous la brume

Nous arrivons enfin chez Olivier, un hameau de 6 maisons où vit une même famille. Nous sommes ici chez les Dao Rouges, une des ethnies les plus représentées dans la région après les Hmongs. Olivier vit ici depuis 11 ans et a un petit garçon de 4 ans, Anatole. Son épouse a 3 enfants de son premier mariage, 2 filles et 1 garçon de 13 ans avec lequel les garçons ont bien joué. 
Nous ne sommes qu’à 21 km de la Chine, nous n’avons jamais été aussi proche ! 

La maison est une baraque en bois avec un toit en tôle et un sol en terre battue. L'électricité n'arrive pas jusqu'ici, ils ont donc installé une turbine directement dans le torrent en contre-bas afin d'avoir un peu de courant le soir. Pour se chauffer, ils font un feu de camp à même le sol, pas de conduit de cheminée ni de hotte, une aération naturelle se fait à travers les trous entre les planches qui font office de murs et par la toiture. La cuisine se fait au feu de bois. Pas d’eau courante non plus, donc pas de robinet, ils utilisent une grande cuve pour stocker l’eau qui servira autant à la cuisson, à la vaisselle, qu’à faire sa toilette. Dans la salle de bain, un WC à la turc avec la chasse d’eau artisanale que nous connaissons bien à présent : une bassine d’eau et la fameuse casserole en plastique. Voilà les conditions de vie d'une grande partie des ethnies des montagnes du Nord. Nous qui pensions avoir déjà appris à nous satisfaire de pas grand-chose, nous recevons-là une belle leçon de vie ! Car ces gens sont heureux, ils possèdent des terres, des rizières, des cultures de légumes et des arbres fruitiers, des cochons, des poules, des coqs... ils ne leur manquent rien ! Un monde nous sépare...
Nous sommes en admiration face à Olivier, un français des Vosges, qui a choisi cette vie. 
on se réchauffe au feu de la cuisine 
l'intérieur de la maison
la cuisine
Luca fait la lecture au petit Anatole
la ménagerie dans la cour
nous ne sommes pas les seuls à apprécier la chaleur du feu !
le repas avec nos hôtes

Le « bain aux herbes médicinales » à la façon artisanale Dao : une occasion comme celle-là, on ne pouvait pas la manquer, même avec les frileux 10° de température ambiante ! Les belles-filles d’Olivier nous préparent le bain en faisant chauffer l’eau dans laquelle macèrent différentes herbes, dans une sorte d’immense wok posé sur un feu de bois. Nous supervisons les opérations en nous posant toutefois cette question :  « mais où donc allons-nous pouvoir prendre notre bain ??? » Il fallu attendre une bonne heure de préparation pour réaliser enfin que le bain se prenait dans un gros tonneau en bois ! Pour nous c’est amusant, pour eux, c’est leur quotidien ! Le plus difficile est le moment où on quitte ses 6 couches de vêtements pour se plonger dans l’eau, et le moment où on quitte le bain bien chaud pour affronter à nouveau la température glaciale de l’air ambiant. Mais pour ce qui est du moment dans le bain, c’est l’extase ! On a l’impression de se baigner dans une immense infusion de plantes, c’est chaud et ça sent bon ! En plus, c’est très bon pour la peau (eczéma and cie), pour les rhumatismes, pour les bronches (rhumes et grippes), et c’est très stimulant (utilisé en cure pour les femmes en post-accouchement et pour les personnes atteintes de cancer ou en fin de vie). Nous, ça nous a surtout réchauffé ! Quand on est sorti du tonneau, notre corps a conservé une bonne dizaine de degré supplémentaire ce qui était plus qu’appréciable.

l'eau bout dans un immense wok
détente garantie !!!
nos deux petits canards

Retour à Sa Pa par une randonnée à travers la montagne et les villages ethniques avec notre guide anglophone Dao, Madcha. 3 heures de marche le long de sentiers extrêmement boueux c'est épuisant ! Nous avons failli perdre Luca qui a subitement glissé et disparu dans un ravin... heureusement la végétation l'a retenu !

la gadoue !!!


avec notre guide Dao, Madcha


Sapa lorsqu'il fait beau!!! (photo du musée)
(photo du musée)

la belle-fille de notre guide et son bébé
Au village de Ta Phin, les femmes Dao Rouges se retrouvent autour d'un feu et confectionnent leurs vêtements

ancien couvent de l'époque coloniale


une petite pause avant de poursuivre notre chemin


notre adorable guide


Sa Pa, la ville aux mille visages ethniques. Que de couleurs dans cette ville quand arrive le week-end. Sa Pa, que nous avions connu sous la brume dans une atmosphère plutôt lugubre, se transforme en fin de semaine en une ville colorée, festive avec une horde de bus qui débarquent des centaines de touristes vietnamiens et chinois. Le soir, les nombreux bars et restaurants, déserts jusqu’alors, se retrouvent bondés et des spectacles de danse traditionnelle se produisent au théâtre en plein air du centre-ville. Nous sommes stupéfaits par cette transformation radicale qui s’opère d’autant plus que le soleil et le ciel bleu font place au brouillard et au froid humide. 
Nous sommes sous le charme, sous le charme surtout de toutes ces femmes et ces enfants d’ethnies différentes qui descendent à la ville pour vendre leurs produits artisanaux (des vêtements brodés, des coiffes traditionnelles, des sacs et bijoux de leur tribus respectives), ainsi que leurs récoltent en fruits et légumes. Quelles sont belles ces femmes Dao avec leur coiffe rouge et leur visage rond très souriant… Quelles sont belles ces femmes Hmong vêtus de leur tunique aux broderies vertes émeraudes et leurs guêtres aux mêmes motifs… et ces enfants portant fièrement la coiffe de leur ethnie, certains sont sales et vivent certainement dans la pauvreté, pourtant ils dégagent une certaine dignité. Est-ce dû à la transmission de leurs traditions de génération en génération ? Ici, l’identité culturelle est très forte et très ancrée.
Sapa sous le soleil
l'église


La préservation des traditions :

Chez les Dao Rouges, les jeunes filles commencent à apprendre leurs premiers points de croix à l’âge de 8 ans, et il en sera ainsi de difficulté croissante jusqu’à leur quinzième année. Ensuite elles pourront commencer à confectionner leur propre tenue traditionnelle qui doit être terminer pour leur mariage à l’âge de 17 ans. En ce qui concerne les garçons, ils doivent passer une cérémonie appelée le Cap Sac, pour quitter l’enfance et devenir adulte. Les mariages sont arrangés par les familles, les jeunes ne choisissent pas, il en est encore ainsi de nos jours.

Chez les Hmongs, la tradition veut que le garçon « enlève » la fille qu’il désire épouser. Cette enlèvement peut se faire n’importe où, au marché, dans la rue, ou même chez la fille directement. Le jeune homme se fait aider de quelques amis pour procéder au « kidnapping » qui de nos jours est bien souvent préparé en accord avec la jeune fille en question, qui se fait d’ailleurs toute belle pour l’occasion. ça n’en était pas le cas autrefois ! La jeune fille est retenue « prisonnière » pendant 3 jours dans la famille du garçon, où elle est traitée comme une princesse. Si elle accepte le mariage, le garçon se rend ensuite chez les parents de la jeune fille pour demander sa main. Si elle refuse, elle est libre de rentrer chez elle.








Nous profitons du beau soleil de notre dernière journée pour monter en haut de la montagne du dragon qui offre une vue panoramique magnifique sur le ville de Sa Pa. La montagne est aménagée en un superbe parc dans lequel nous avons apprécié nous promener.




le drapeau bouddhiste

les 4 aventuriers à SA PA
magnifique vue sur la ville de Sa Pa

les maisons-tube typiques du Vietnam (maisons toute en longueur)

Scooby Doo chez les Viet !


Pour nous rendre à Hanoi, nous avons opté pour la compagnie de bus SAPA EXPRESS : 5 heures de bus VIP !!! Il y a eu dans nos rangs un cri de révolte qui ne nous a pas laissé insensible : « Raz-le-bol des bus tout pourris ! »
Nous montons à bord à 16h pour une arrivée à Hanoi estimée à 21h…
Ce sont des montagnes entières recouvertes de rizières en terrasse que nous traversons pour quitter la ville de Sa Pa, ce dégradé de vert et d’ocre est magnifique. 


le bus VIP la classe!








































































































































































































































































































































































































































































































































































































































1 commentaire:

  1. Un petit bonjour du var ou nous lisons votre blog avec grand intérêt et beaucoup de plaisir, c'est une aventure formidable que vous vivez tous les 4 ! Bonne continuation ... Eric, Sabrina et Steven

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