du 28 février au 04 mars 2017 :
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Bienvenue à Sa Pa |
Loger chez l'habitant dans une tribu ethnique du Nord Vietnam :
une belle leçon de vie
Après 8 heures de bus à travers les routes sinueuses de montagne (on n'en peut plus de ces transports !!!), nous arrivons à
Sa Pa, ville de l'extrême Nord du Vietnam, sous un épais brouillard et un froid de canard auquel nous ne sommes plus habitués. Sa Pa est située à 1500m d'altitude, dans la province de Lào Cai, et se trouve paraît-il souvent dans la brume... Nous validons ! N'étant pas équipés dans nos bagages de vêtements permettant de supporter les 10° extérieurs, la première chose que nous avons faite à Sa Pa a été de visiter son marché, nous en sommes ressortis avec gants, bonnets, polaires, doudounes, chaussettes chaudes et... des bottes ! Car nous avons choisi de passer une nuit dans une famille franco-vietnamienne dans un village un peu plus au nord de Sa Pa, à Ta Phin, et notre hôte, Olivier, nous a très sagement conseillé d'investir dans des bottes, même pour 2 jours ! et vous allez comprendre pourquoi...
Avant de vous raconter cette extraordinaire expérience, nous sommes allés au musée culturel et ethnique de Sa Pa : une visite très intéressante qui nous a appris de nombreuses choses sur les différentes ethnies que compose cette région. On retrouve 6 groupes ethniques principaux à Sa Pa : les Hmongs (52%), les Dao (23%), les Kinh (18%), les Tay (5%), les Giay (1%) et les Xa Pho (1%). Ce qui est incroyable c'est que toutes ces tribus ont conservé leurs langues, leurs écritures, leurs traditions et leurs coutumes et continuent de se les transmette de génération en génération.
Le matin du 02 mars 2017, Olivier vient nous chercher pour nous emmener dans son village, mais avant tout, nous partons ensemble faire le marché de Sa Pa pour acheter viande et légumes pour nos repas. Sur le marché, tout est frais, les animaux sont abattus le matin même, les poissons sont encore vivants et se débattent dans des bassines, les légumes variés respirent la fraîcheur... par contre nous sommes au Vietnam et il faut par moment avoir le cœur bien accroché : après 6 mois d'Asie, nous sommes à présent habitués de voir les têtes de cochons, de volailles, les abats, les cervelles... mais pour la première fois notre regard se heurte à un chien découpé présenté sur une étale ! Quelle horreur (oui, pour nous, c'est horrible !) !!! Olivier nous explique que le chien est un met assez cher et qu'il n'est consommé que 15 jours par mois selon le calendrier lunaire (car cela porte chance).
Puis nous montons sur nos moto-taxi (3 par moto, plus rien ne nous fait peur à présent !) et direction Ta Phin à 30 minutes en moto de Sa Pa. La route n'est pas en très bon état, mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. En effet, arrivés au petit village Dao de Ta Phin, il nous reste 1 heure de marche pour arriver à la maison de nos hôtes, 1 heure le long d'un petit sentier tout boueux où même les motos ne peuvent pas passer, avec les 20 dernières minutes de montée ! On comprend mieux à présent pour les bottes, et on remercie vivement Olivier pour ce judicieux conseil. Le paysage semble être magnifique, des rizières en terrasse à perte de vue, sauf que nous, nous voyons surtout de la brume... Le temps est très couvert, les nuages sont bas, bref ça ira mieux demain.
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les rizières en terrasse sous la brume |
Nous arrivons enfin chez Olivier, un hameau de 6 maisons où vit une même famille. Nous sommes ici chez les Dao Rouges, une des ethnies les plus représentées dans la région après les Hmongs. Olivier vit ici depuis 11 ans et a un petit garçon de 4 ans, Anatole. Son épouse a 3 enfants de son premier mariage, 2 filles et 1 garçon de 13 ans avec lequel les garçons ont bien joué.
Nous ne sommes qu’à 21 km de la
Chine, nous n’avons jamais été aussi proche !
La maison est une baraque en bois avec un toit en tôle et un sol en terre battue. L'électricité n'arrive pas jusqu'ici, ils ont donc installé une turbine directement dans le torrent en contre-bas afin d'avoir un peu de courant le soir. Pour se chauffer, ils font un feu de camp à même le sol, pas de conduit de cheminée ni de hotte, une aération naturelle se fait à travers les trous entre les planches qui font office de murs et par la toiture. La cuisine se fait au feu de bois. Pas d’eau courante non plus, donc pas de robinet, ils utilisent une grande cuve pour stocker l’eau qui servira autant à la cuisson, à la vaisselle, qu’à faire sa toilette. Dans la salle de bain, un WC à la turc avec la chasse d’eau artisanale que nous connaissons bien à présent : une bassine d’eau et la fameuse casserole en plastique. Voilà les conditions de vie d'une grande partie des ethnies des montagnes du Nord. Nous qui pensions avoir déjà appris à nous satisfaire de pas grand-chose, nous recevons-là une belle leçon de vie ! Car ces gens sont heureux, ils possèdent des terres, des rizières, des cultures de légumes et des arbres fruitiers, des cochons, des poules, des coqs... ils ne leur manquent rien ! Un monde nous sépare...
Nous sommes en admiration face à Olivier, un français des Vosges, qui a choisi cette vie.
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on se réchauffe au feu de la cuisine |
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l'intérieur de la maison |
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la cuisine |
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Luca fait la lecture au petit Anatole |
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la ménagerie dans la cour |
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nous ne sommes pas les seuls à apprécier la chaleur du feu ! |
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le repas avec nos hôtes |
Le « bain aux herbes médicinales » à
la façon artisanale Dao : une occasion comme celle-là, on ne pouvait pas la
manquer, même avec les frileux 10° de température ambiante ! Les
belles-filles d’Olivier nous préparent le bain en faisant chauffer l’eau dans
laquelle macèrent différentes herbes, dans une sorte d’immense wok posé sur un
feu de bois. Nous supervisons les opérations en nous posant toutefois cette
question : « mais où donc allons-nous pouvoir prendre notre
bain ??? » Il fallu attendre une bonne heure de préparation pour
réaliser enfin que le bain se prenait dans un gros tonneau en bois ! Pour
nous c’est amusant, pour eux, c’est leur quotidien ! Le plus difficile est
le moment où on quitte ses 6 couches de vêtements pour se plonger dans l’eau,
et le moment où on quitte le bain bien chaud pour affronter à nouveau la
température glaciale de l’air ambiant. Mais pour ce qui est du moment dans le
bain, c’est l’extase ! On a l’impression de se baigner dans une immense
infusion de plantes, c’est chaud et ça sent bon ! En plus, c’est très bon
pour la peau (eczéma and cie), pour les rhumatismes, pour les bronches (rhumes
et grippes), et c’est très stimulant (utilisé en cure pour les femmes en
post-accouchement et pour les personnes atteintes de cancer ou en fin de vie).
Nous, ça nous a surtout réchauffé ! Quand on est sorti du tonneau, notre
corps a conservé une bonne dizaine de degré supplémentaire ce qui était plus
qu’appréciable.
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l'eau bout dans un immense wok |
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détente garantie !!! |
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nos deux petits canards |
Retour à Sa Pa par une randonnée à travers la montagne et les villages ethniques avec notre guide anglophone Dao, Madcha. 3 heures de marche le long de sentiers extrêmement boueux c'est épuisant ! Nous avons failli perdre Luca qui a subitement glissé et disparu dans un ravin... heureusement la végétation l'a retenu !
Sa Pa, la ville aux mille visages
ethniques. Que de couleurs dans cette ville quand arrive le week-end. Sa Pa,
que nous avions connu sous la brume dans une atmosphère plutôt lugubre, se
transforme en fin de semaine en une ville colorée, festive avec une horde de
bus qui débarquent des centaines de touristes vietnamiens et chinois. Le soir, les
nombreux bars et restaurants, déserts jusqu’alors, se retrouvent bondés et des
spectacles de danse traditionnelle se produisent au théâtre en plein air du
centre-ville. Nous sommes stupéfaits par cette transformation radicale qui
s’opère d’autant plus que le soleil et le ciel bleu font place au brouillard et
au froid humide.
Nous sommes sous le charme, sous le charme surtout de toutes
ces femmes et ces enfants d’ethnies différentes qui descendent à la ville pour
vendre leurs produits artisanaux (des vêtements brodés, des coiffes
traditionnelles, des sacs et bijoux de leur tribus respectives), ainsi que
leurs récoltent en fruits et légumes. Quelles sont belles ces femmes Dao avec leur
coiffe rouge et leur visage rond très souriant… Quelles sont belles ces femmes
Hmong vêtus de leur tunique aux broderies vertes émeraudes et leurs guêtres aux
mêmes motifs… et ces enfants portant fièrement la coiffe de leur ethnie,
certains sont sales et vivent certainement dans la pauvreté, pourtant ils
dégagent une certaine dignité. Est-ce dû à la transmission de leurs traditions de
génération en génération ? Ici, l’identité culturelle est très forte et
très ancrée.
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Sapa sous le soleil |
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l'église
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La préservation des traditions :
Chez les Dao Rouges, les jeunes
filles commencent à apprendre leurs premiers points de croix à l’âge de 8 ans, et
il en sera ainsi de difficulté croissante jusqu’à leur quinzième année. Ensuite
elles pourront commencer à confectionner leur propre tenue traditionnelle qui
doit être terminer pour leur mariage à l’âge de 17 ans. En ce qui concerne les
garçons, ils doivent passer une cérémonie appelée le Cap Sac, pour quitter
l’enfance et devenir adulte. Les mariages sont arrangés par les familles, les
jeunes ne choisissent pas, il en est encore ainsi de nos jours.
Chez les Hmongs, la tradition veut
que le garçon « enlève » la fille qu’il désire épouser. Cette enlèvement
peut se faire n’importe où, au marché, dans la rue, ou même chez la fille
directement. Le jeune homme se fait aider de quelques amis pour procéder au
« kidnapping » qui de nos jours est bien souvent préparé en accord
avec la jeune fille en question, qui se fait d’ailleurs toute belle pour
l’occasion. ça n’en était pas le cas autrefois ! La jeune fille est
retenue « prisonnière » pendant 3 jours dans la famille du garçon, où
elle est traitée comme une princesse. Si elle accepte le mariage, le garçon se
rend ensuite chez les parents de la jeune fille pour demander sa main. Si elle
refuse, elle est libre de rentrer chez elle.
Nous profitons du beau soleil de
notre dernière journée pour monter en haut de la montagne du dragon qui offre
une vue panoramique magnifique sur le ville de Sa Pa. La montagne est aménagée
en un superbe parc dans lequel nous avons apprécié nous promener.
Pour nous rendre à
Hanoi, nous avons opté pour la compagnie de bus SAPA EXPRESS : 5 heures de
bus VIP !!! Il y a eu dans nos rangs un cri de révolte qui ne nous a pas laissé insensible : « Raz-le-bol
des bus tout pourris ! »
Nous montons à bord à 16h pour une arrivée à
Hanoi estimée à 21h…
Ce sont des montagnes entières recouvertes de rizières en terrasse que nous traversons pour quitter la ville de Sa Pa, ce dégradé de vert et d’ocre est magnifique.
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le bus VIP la classe! |
Un petit bonjour du var ou nous lisons votre blog avec grand intérêt et beaucoup de plaisir, c'est une aventure formidable que vous vivez tous les 4 ! Bonne continuation ... Eric, Sabrina et Steven
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